L'espace architectural, et tout ce qui le constitue, est mon terrain d'action. Ces espaces sont et demeurent les supports premiers de ma peinture. J'interviens in situ dans un lieu à chaque fois différent et mon travail évolue en relation avec les espaces que je suis amené à rencontrer.

En général je parcours le lieu en relevant son architecture, ses matériaux, son histoire et sa fonction. A partir de ses différentes données spatiales et en référence à la dernière pièce que j'ai réalisée, je définis un point de vue autour duquel mon intervention prend forme.

J'appelle point de vue un point de l'espace que je choisis avec précision : il est généralement situé à hauteur de mes yeux et localisé de préférence sur un passage obligé, par exemple une ouverture entre une pièce et une autre, un palier, etc. Je n'en fais cependant pas une règle car tous les espaces n'ont pas systématiquement un parcours évident. Le choix est souvent arbitraire.

Le point de vue va fonctionner comme un point de lecture, c'est-à-dire comme un point de départ possible à l'approche de la peinture et de l'espace. La forme peinte est cohérente quand le spectateur se trouve à cet endroit. Lorsque celui-ci sort du point de vue, le travail rencontre l'espace qui engendre une infinité de points de vue sur la forme. Ce n'est donc pas à travers ce premier point que je vois le travail effectué ; celui-ci se tient dans l'ensemble des points de vue que le spectateur peut avoir sur lui.

Si j'établis un rapport particulier avec des caractéristiques architecturales qui influent sur la forme de l'installation, mon travail garde toutefois son indépendance quelles que soient les architectures que je rencontre.

Je pars d'une situation réelle pour construire ma peinture. Cette réalité n'est jamais altérée, effacée ou modifiée, elle m'intéresse et elle m'attire dans toute sa complexité. Ma pratique est de travailler "ici et maintenant".

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My field of action is architectural space and everything that constitutes such space These spaces are and remain the original media for my painting. I work "on site" each time in a different space and my work develops itself in relation to the spaces I encounter.

I generally roam through the space noting its architecture, materials, history and function. From these spatial data and in reference to the last piece I produced, I designate a specific vantage point for viewing from which my intervention takes shape.

The vantage point is carefully chosen: it is generally situated at my eye level and located preferably along an inevitable route, for instance an aperture between one room and another, a landing... I do not, however, make a rule out of this, for all spaces do not systematically possess an evident line.

It is often an arbitrary choice. The vantage point will function as a reading point, that is to say, as a potential starting point to approaching painting and space.

The painted form achieves its coherence when the viewer stands at the vantage point.When he moves out of it, the work meets with space generating infinite vantage points on the form. It is not therefore through this original vantage point that I see the work achieved; it takes place in the set of vantage points the viewer can have on it.

If I establish a particular relation to architectural features that influence the installation shape, my work still preserves its independence whatever architectural spaces I encounter. I start from an actual situation to construct my painting. Reality is never altered, erased or modified, it interests and seduces me in all its complexity. I work "here and now".

Felice Varini

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